Une virée shopping, une rencontre dans une boutique, c'est bien un coup du destin! (Avec Elwing Keitaro)

Diane surprit agréablement Elwing en lui répondant qu'elle ne lui devait rien. Vraiment sympathique cette jeune femme ! S'en suivit alors une proposition étrange. Faire connaissance ? Manger une glace ? Hum … Et pourquoi pas ? Elle accepta l'invitation avec engouement et les deux jeunes filles sortirent du magasin de vêtements et accessoires pour se diriger vers le coin plus orienté « restauration ». L'après-midi était bien avancée, la chaleur s'accumulait, et cela se sentit dès qu'elles posèrent le pied hors de la zone climatisée. La moiteur leur tomba dessus comme la pluie sur un parapluie, sauf que là il n'y avait pas de parapluie, et encore moins de pluie.

Non loin de là, un homme d'une quarantaine d'années haranguait la foule, vantant ses produits qui, cela tombait bien, étaient des glaces. Elles s'approchèrent. Le marchand élevait ses produits au rang de meilleurs glaces du monde, ce qui ne manquait pas de faire sourire les badauds, habitués à ce que chaque marchand soit le meilleur et ses productions, incomparables et indispensables. Sentant l'attrait pour son échoppe suffisant, le glacier décida de jouer son coup marketing de la journée et déclara qu'il offrait des glaces, tout en désignant quelques personne dans la foule. Diane et Elwing en faisaient partie : quelle chance ! Après un jeune garçon et sa mère, elles s'avancèrent pour choisir le parfum qu'elles voulaient : vanille en l’occurrence pour Elwing. La seule condition pour avoir la glace gratuite était de donner son avis dessus, bien sûr il valait mieux dire qu'elle était effectivement délicieuse, mais il n'y avait pas trop à se forcer, car c'était bien vrai. Elwing n'avait sans doute pas essayé tous les glaciers du monde, loin de là, mais à défaut, c'était la meilleure qu'elle ait jamais mangée. Ne restait plus qu'à trouver un endroit où se poser parce que, mine de rien, elles avaient sacrément marché, et leurs pieds commençaient à le leur faire sentir. Continuant leur route, elles tombèrent sur un petit parc où elles décidèrent de se poser, tentées par un banc à l'ombre des tilleuls.

« Tu habites Gardenia, ou bien ailleurs ? »

Il était vrai qu'elles s'étaient rencontrées dans une boutique de la ville, mais peut-être Diane venait-elle d'ailleurs ... Peut-être même de Teenage Island, comme elle, qui sait ?

Petit moment de flottement, le temps que les neurones se connectent, et passent de la glace au quartier d'habitation. Fairy dust, à Teenage Island ? Mais c'était juste à côté de chez elle, ça ! Ça alors, le destin jouait parfois de drôles de tours aux gens. Voyant dans le regard de la jeune fille qu'elle semblait avoir la folle espérance qu'elles habitent au même endroit, Elwing décida de lui révéler où elle-même habitait.

« Pour ma part, je vis dans Magician Alley. Juste à côté, en fait. »

Il n'était pas dans ses habitudes de révéler ainsi où elle vivait à des inconnus, aussi gentils soient-ils, mais quelque chose la mettait en confiance avec la jeune fée. Prudence, il ne faudrait pas non plus en perdre toute trace de bon sens.

Sa glace finie, elle jeta la serviette en papier dans la corbeille la plus proche avant de s'étirer légèrement.

« Bon, je crois qu'il est temps de repartir. Une idée de chemin ? »

Elle réfléchit un moment avant de proposer une visite de la ville. Visiter la ville … Elwing prit le temps de regarder l'heure à son portable avant d'acquiescer : il ne faudrait pas qu'elle(s) rentre(nt) trop tard. Mais ça allait, elles avaient du temps devant elles. Elwing adhéra donc à l'idée, se disant qu'il fallait qu'elle refasse un stock de nourriture pour son chat, et que peut-être de la compagnie ne lui ferait pas de mal … Tiens, le chat, elle l'avait presque oublié celui-là, comment avait-elle pu ? C'était impensable, il lui faudrait réparer ça, et au plus tôt. Heureusement celui-ci se orait le ventre au soleil, juste à côté. Comme mû par un lien télépathique, il releva la tête et la regarda. Elle baissa sa main, le chat venant s'y frotter, avant de se lever du banc où elle s'était rassise.

« Bon, eh bien je te suis, errons donc dans la ville. »

En espérant qu'elles trouvent vraiment quelque chose d'utile et ne perdent pas leur temps.

Elwing sourit gentiment à l'annonce de diane concernant le fait qu'elle soit la bienvenue chez elle. Oui, vraiment très sympathique cette jeune fille. Elle se rembrunit un peu quand elle commença à parler du chat. Comment s'appelait-il ? Un instant, Elwing hésita à lui répondre, avant de se rendre compte que c'était complètement idiot. Personne ne pouvait savoir ce que représentait ce nom, alors il n'y avait aucune raison de le lui cacher, n'est-ce pas ? Pourtant … Pour elle, cela revenait à dévoiler une part d'elle-même, en quelque sorte, la mettant mal à l'aise. Elle soupira. Non, tout se passerait bien, il n'y avait pas de raison. Erwan restait … Erwan. Et ce n'était pas parce qu'elle dirait son nom en présence de quelqu'un qu'il allait partir. Il le lui avait dit après tout : il resterait toujours avec elle. Toujours. Elle eut un sourire triste.

« Erwan. Il s'appelle Erwan. »

Elle sentit un poids dans sa poitrine à cet instant et se leva, profitant de ce mouvement pour un cacher son visage décomposé et essayer de se refaire une figure correcte, autant que possible. Pour se donner une contenance, elle attrapa la petite boule blanche et la cala dans ses bras. Les battements du cœur et la chaleur de l'animal la rassurèrent, inconsciemment. Elle se retourna donc vers Diane, et tenta un sourire.

« On ne devrait pas trop traîner si on ne veut pas rentrer trop tard, l'après-midi est déjà bien avancée, après tout. »

Les deux jeunes filles se mirent en marche, reprenant leur errance au sein de la ville, cherchant des yeux une bonne boutique tout en continuant la discussion qui changea de sujet pour dériver sur sa spécialité : la médecine. Ah, ça, elle maitrisait. Elle repensa au malaise de la jeune femme quelques heures plus tôt. Violent, sur le coup, mais elle avait l'air de s'en être vraiment remise, et aucun effets secondaires notoires n'étaient à noter (joli placement d'allitération en n ! hahaha [totalement inutile par ailleurs, également])

« Oui. Même si les magiciens peuvent utiliser toute sorte de magie, ils ont souvent une préférence quelque part, et pour moi c'est la médecine. enfin, les bases n'ont pas besoin de magie, mais c'est vrai que souvent, cela aide dans les cas plus compliqués. »

Et par plus compliqué elle entendait les multiples blessures, brûlures, fractures que pouvaient se faire les être magiques. et puis, il était certain que soigner un elfe était plus simple avec de la magie que s'il fallait étudier toute leur anatomie et savoir à quoi ils étaient allergiques. Alors que pour un rhume ... franchement, ça n'allait pas chercher bien loin. Même si parfois ça pouvait amener bien loin .... Passons.

« Tu as sûrement déjà dû faire un peu de secourisme, non ? »

En général tout humain en faisait une fois dans sa vie ... au moins sur Terre ! Car sur les autres planètes, Elwing devait bien avouer ignorer tout ... et même ignorer si cela existait. allez savoir ...

Un métier noble et généraux ? Cela fit sourire Elwing. Oui, sans doute après tout. En tout cas ce qui était sûr c'est qu'il n'était pas reposant. Régulièrement le matin, elle était debout aux aurores, et le soir elle se couchait alors que la lune était déjà haute. Pendant la journée, elle ne faisait le plus souvent que courir sans cesse d'un bout à l'autre de l'île, voire même plus loin depuis qu'elle avait retrouvé l'accès à Gardenia, située sur le continent. Et pourtant, elle n'aurait arrêté ça pour rien au monde. Non seulement cela l'empêchait de trop réfléchir, mais elle y avait même retrouvé un certain plaisir, chose plutôt étonnante mais pas désagréable.

Elle sourit à nouveau devant l'air enthousiaste de la jeune fée racontant son secourisme, plutôt improvisé. Elwing avait un peu de mal à imaginer comment on faisait un massage cardiaque à une tortue et doutait de l'efficacité sur une personne consciente (d'ailleurs cela pouvait se révéler dangereux sur une personne sans problème cardiaque) mais la jeune fille devait être petite, et elle minimisa donc tout cela. Après tout, il ne semblait pas y avoir eu de mal de fait, sinon elle n'en parlerait pas ainsi.

Son œil accrocha soudain une vitrine qu'elle dévisagea quelques instants.

« Au risque de changer totalement de sujet, ce magasin est bien une animalerie ouverte ou bien je deviens totalement myope ? »

En effet, si l’emblème d'une animalerie se balançait doucement au gré de la brise d'une fin d'après-midi estivale, aucune lumière ne sortait des fenêtres malgré un semblant de panneau « ouvert » sur la porte. Pourquoi « semblant » ? Eh bien parce que les deux jeunes femmes étaient à bonne distance de la boutique, et que le panneau était intolérablement petit, alors Elwing avait des doutes. Mais en principe, le vert, ça veut bien dire ouvert, non ?

Bon, ça la rassurait sur sa vision alors. Tout allait bien. Mais on ne lui enlèverait pas qu'une boutique ouverte sans lumière dans les vitrines, c'était bizarre. Peut-être était-il en liquidation ? Ce serait dommage, car l'endroit était, une fois la porte franchie, plutôt bien sympathique. D'un regard scientifique expert, Elwing jaugea d'un coup d’œil la santé des animaux présents, et lorsqu'elle fut rassurée se permit de sourire et de regarder le contenu de la boutique. Quelque peu plus timide que le chat de Diane, Erwan se réfugie dans les jambes de sa maîtresse qui le prend bien vite dans ses bras, continuant sa visite des lieux. Elle regarde le chaton s'amuser, puis sa maîtresse lui trouver un ruban. Elle ne sait pas quelle histoire les lie, ces deux-là, mais ils ont l'air de bien s'entendre.

« Oui, charmant. Ca lui va très bien. »

Un mouvement brusque de son chat l'incite à le regarder. Il semble fixer quelque chose. Son regard suit la direction et tombe sur un oiseau, dans un coin, qui semble la fixer sans un bruit. Elle se dirige vers lui et tend sa main pour lui caresser le plumage, mais le vendeur l'arrête.

« Il est assez sauvage vous savez. On l'a trouvé y a pas longtemps il s'était écrasé, problème à l'aile. Il se remet, mais il reste farouche. Attention à pas vous faire pincer. »

Le regard de la jeune femme n'a pas quitté les grands yeux noirs de l'oiseau. Il se passe quelque chose, c'est indéniable. Sa doigt vient caresser le sommet de la tête de l'oiseau, et avec ce contact c'est comme si un nouveau lien venait se créer entre eux, alors que l'oiseau émet un petit cri.

« Combien pour l'oiseau, plus un nécessaire de fauconnerie ? »

Note, il faudra que je me serre la ceinture pour la fin du mois … Tant pis. Je sens qu'il me le faut. Il va d'ailleurs falloir que je te trouve un nom ...

300 DM, 200 pour l'oiseau et 100 entre le gant, et les autres accessoires et nourriture, autant qu'un mois de loyer. Mais elle n'en a que faire. Presque docilement, sous l’œil étonné du vendeur, l'oiseau déplie ses ailes pour s'équilibrer et vient en clopinant se poser sur sa main. Elle a un regard pour ses deux « compagnons » qui s'entendent déjà comme larrons en foire, et son sourire s'agrandit. Puis elle revient, le moment d'enchantement coupé, vers Diane.

« Pardon, je crois que je me suis laissée distraire. La prochaine fois qu'on rentre dans un magasin, confisque-moi mon porte-monnaie ou je vais finir à la rue ... »

Dite sur le ton de la plaisanterie, la remarque pouvait cela dit s'avérer logique, il allait falloir qu'elle se calme sérieusement sur les achats, au risque d'une crise financière notable qui ne serait profitable à personne.

« En avons-nous fini ici, ou restons-nous encore un peu ? »

Il allait bien falloir qu'elles finissent pas partir, mais ... elles n'étaient pas pressées, et l'endroit était agréable.

L'oiseau en question.

Une personne qui apparait dans ses rêves, ou quand elle s'évanouit, et lui pose des énigmes ... Elwing se demande un instant si Diane ne lui raconte pas des mensonges, mais le ton sérieux et l'air ailleurs de la fée la dissuade. Et puis quelque chose lui dit qu'elle ne lui mentirait pas, ou au moins pas sur un truc comme ça. Elles continuent leur route quelques instants en silence, pendant qu'Elwing réfléchit.

Est-ce une conséquence de ses évanouissements, ou bien une cause ? Est-ce bénéfique ou maléfique ? Elle doute que ce soit une invention de Diane, psychose mentale quelconque. Cette jeune fille ne semble pas sujette à des crises de ce genre, elle l'a suffisamment côtoyée dans la journée pour en témoigner. Et puis, d'un seul coup, quelque chose lui revint en mémoire. Est-ce lié ? Peut-être. Elle se sent comme obligée d'en parler, même au risque de dire une bêtise.

« Est-ce que ... "Mila" aurait un quelconque rapport avec ces "fées millénaire" dont tu parlais avant de t'évanouir tout à l'heure ? »

Si ça avait un rapport, il y aurait là un fait intéressant médicalement à noter, et peut-être plus inquiétant mentalement parlant. Car si cette Mila arrivait à provoquer des évanouissements à distance, cela pourrait se montrer dangereux pour Diane ... Enfin celle-ci n'avait pas l'air de la percevoir comme une menace, plus comme un réel mystère ... Alors Elwing décida de laisser la curiosité et l'investigation seules prendre le pas sur l'inquiétude.

Il y avait donc bien un lien … Restait à déterminer lequel, mais ça, c'était beaucoup plus compliqué. Et puis cette histoire ne la regardait pas à ce point-là. Diane ne semblait pas en danger, elle n'avait pas à s'immiscer plus que ça dans sa vie privée en lui demandant si elle avait un lien quelconque avec Mila et ces fées millénaires. Ca ne la concernait pas, quoi qu'elle puisse en penser, à moins bien sûr que Diane ne décide de la mettre dans la confidence, si confidences il y avait. La fée n'avait en effet pas l'air d'en savoir beaucoup plus qu'elle. Elwing nota dans un coin de sa tête de faire une recherche sur les effets psychologiques de la magie entre descendants et ancêtres, peut-être avait-elle un lien de parenté avec Mila expliquant ces « visions » … Elle décida de ne pas en parler à Diane. Après tout, ce n'étaient que des conjectures, et elle risquerait de lui donner un faux-espoir de piste, ce qui ne serait vraiment pas sympa. Elle resta donc silencieuse et songeuse sur le sujet, mais pas sur le caractère novice de la jeune fée.

« Même les plus grands de ce monde ont été novices un jour ou l'autre. L'important est de garder confiance en soi. »

Qu'elle soit fée depuis un mois et demi ou depuis une semaine, cela n'avait pas grande importance, les progrès ne dépendaient pas du nombre de jours. Cela dit, Elwing était impressionnée par sa motivation. Elle se souvenait d'elle, un mois et demi après son entrée l'académie, elle était loin de chercher des livres de médecine … Elle était d'ailleurs loin de s'intéresser à la médecine à l'époque.

Diane la remercia de la journée, ce à quoi Elwing répondit par un sourire.

« Mais de rien, le plaisir fut partagé. »

Elles étaient arrivées à l'embarcadère, la dernière navette en partance les attendaient, amarrées au quai, un vieil homme solitaire assis à l'avant de son navire. Les deux jeunes femmes montèrent dans le bateau et s'installèrent alors que celui-ci levait l'ancre. Ainsi posées dans l'obscurité et le silence, Elwing se tourna soudain vers Diane.

« Que dirais-tu ne nous revoir bientôt, quelque part ? »

Il était certain qu'elles se reverraient, mais tant qu'à faire, autant ne pas attendre un autre coup de main du Destin et se prendre un peu en main. Alors pourquoi ne pas décider de quand se revoir, et de où ? Elles pourraient même se voir chez l'une d'elle … Hum, peut-être attendre la troisième rencontre pour ça.

En tous cas, pour leur sécurité pécuniaire, mieux vaudrait pour elles éviter les endroits avec magasins ...

Diane lui tendit un bout de papier sur lequel elle avait noté son numéro de téléphone. Elle semblait vraiment enthousiaste, pas une joie feinte, ce qui fit plaisir à Elwing. Une entente mutuelle, c'était tellement rare de nos jours … Heureusement, si elle avait pu tomber sur de dangereux psychopathes (une, en fait) il existait aussi des gens sympathiques. Peut-être n'était-ce pas un hasard s'ils se trouvaient tous ici … Elle laissa là les considérations philosophiques et déchira le papier en deux, marquant son numéro sur la moitié encore vide. En effet, par principe de sécurité, mieux valait que la connaissance téléphonique soit réciproque.

Encore quelques minutes de bateau et elles accostèrent. Le petit vieux leur fit signe de descendre sans un mot. Décidément, le jour où il parlerait, Elwing risquait bien de faire une crise cardiaque par surprise. Elles descendirent donc et restèrent quelques minutes face à l'autre pendant que le batelier disparaît dans la nuit pour aller on ne sait où.

Diane semble presque sur le point de pleurer, mais Elwing ne sait pas trop quoi lui dire d'autre qu'elles se reverront bientôt. Les au-revoir, ça n'a jamais vraiment été son truc. Alors elle fait ce qu'elle sait faire de mieux, sans doute : de la magie. Un petit sort pas bien compliqué qu'elle a apprit il y a bien longtemps. La tristesse des deux jeunes femmes semble s'envoler, chassée par l'espoir de la prochaine rencontre. Un sortilège d'apaisement … Elle avait oublié à quel point ça faisait du bien.

Souriante, elle souhaita une bonne nuit à la jeune fée, lui recommandant d'être prudente en rentrant chez elle, puis après un dernier au revoir, prit la route de sa maison.